dimanche 10 avril 2011

Paysages à l'estime

brou de noix,encre de Chine et pigment indigo sur papier "do" (60 x 60 )

Paysages à l estime
Pour la plupart d’entre nous, peindre serait l ‘expression du voir, mais voir suppose que nous sommes à bonne distance du monde, cette distance qui nous sépare  de ce qui nous façonne.
Qu’en est il des  propositions de Jean Cabane?
Si les prises paysagères de Jean Cabane  nous englobent totalement, c’est parce qu‘elles déroulent des paysages à la manière des cartes du tendre du 17ème siècle,  ces cartes qui nous offraient une géographie affective et affectée du monde.
C’est aussi parce qu’elles parlent de l éprouvé  des choses, les qualifient et non pas du prouvé !
 Et lorsque l’on regarde ces étendues de vies, tous les éléments structurent l ‘usage d ‘un monde qui ne nous exclue pas !  Elles nous rappellent plutôt que nous sommes partie intégrante de ce que nous  voyons tout en pointant notre interprétation à la croisée des horizons.
Sorte de mémoire en nuage, qui donne aux spectateurs l’assurance d’être situé et de pouvoir nommer, reconnaître, jamais hors de son propos.
C est pour cela que les peintures de Jean  parlent de lui, de la sensibilité d’un homme, né des garrigues et des couleurs du Gard en France, mais dont la  vie a été faite de promesses de lumière, de rencontres et de métissage ! Aujourd’hui et depuis quelques années, Jean habite en poète  cette partie du Vietnam où tout est mélange de ciel et de terre et  Jean, dans sa capacité à  repérer la raison d’être  de ces paysages nous implique et nous concerne! 
Car elles parlent aussi de nous  ses peintures et nous   rendent actifs de ce qu’elles nous proposent : une autre expérience  du lieu !
Pour faire espace, il faut prendre conscience du triangle qui dessine le monde : le sujet que nous sommes et d’où on regarde, l’environnement qui nous constitue et le ciel qui nous abrite !!
Si les peintures prennent soin du paysages, elles nous invitent aussi à ne pas les parcourir trop hâtivement ; elles nous engagent dans une marche à l ‘estime et à une attention à la proximité comme modalité de passage.
Tout cela nous est offert et c’est alors l’attitude généreuse du peintre qui inaugure magnifiquement l ‘hospitalité du Vietnam.



Florence Morali
Ecole d’ art de Toulon Provence Méditerranée
Mars 2011

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