S’asseoir devant la table où sont posés
pinceaux et bols d’encre. Attendre, exprimer. Quoi ?
Il y a bien sûr tout ce qui m’entoure. Mon
environnement. D’abord, un paysage ou des paysages. Paysage essentiellement
celui des rizières, des bassins d’élevages aquacoles bordés de palmiers d’eau.
Un horizon plat où le regard peut se perdre à l’infini. Des touffes de bambous,
la gracile verticale des palmiers
aréquiers. L’eau, la terre intimement mêlées. Et puis des hommes, des femmes dont
l’hospitalité m’est devenue familière. Des enfants sur le chemin d’une école.
Une vieille femme assise sur le seuil d’une petite maison.
Observer la moindre variation de la lumière
sur l’ondoyant tapis de la rizière. Sentir la brise de mer qui se lève à 14h
précises. Ecouter une musique lancinante, le chant moqueur d’un oiseau, le cri
d’une marchande ambulante.
Intuition qu’il s’agit de bien autre chose, qu’il
y a un au-delà de ce paysage, un au-delà de ces bruits, de ces odeurs, un
au-delà de ces rencontres.
Saisir toutes ces choses insignifiantes. Les
éléments les plus anodins de mon quotidien suscitent des émotions dont je
cherche à garder l’empreinte. La trace de ce qui me relie au monde dont je ne
suis qu’un infime élément.
30 avril 2013