mardi 18 décembre 2018

De quoi est cette image ?

Monotype (encre sur papier 20x30 )


Je poursuivais donc cette occupation dérisoire et de peu de poids collectant dans la corbeille une chute de bois, un débris de carton et toutes sortes d’autres éléments glanés et conservés sans aucune intention que de ne pas jeter comme les coquillages que les enfants ramassent sur les plages car ils les trouvent merveilleux, car on ne sait jamais un jour ou l’autre ce que ça peut faire une fois assemblés, collés, encrés, ce que ça peut faire si j’en prélève l’empreinte, juste pour le plaisir dérisoire de se dire qu’est-ce qu’on voit dans ce gris, dans ces formes, dans ces traits, juste y déceler tout un univers jusque là inconnu, inexploré, inattendu et s’étonner de quoi est cette image. 

dimanche 16 décembre 2018

Carton ondulé



Carton ondulé
matériau léger et rigide
constitué par une ou plusieurs feuilles de papier
cannelé
collées entre deux feuilles 
cartonnées
car ton nez
est collé
au carton ondulé
des ondulations ondulent
carton ondoyant
ondine 
non Honda prend un H 
on dîne pas
on dit pas on dîne
on doit dîner
on doit combien 
on doit rien 
on a pas dîné
on doit une carton plein
d'ondulations est un carton ondulé léger 
de peu de poids. 

Monotype (encre sur papier 23x35) 

samedi 15 décembre 2018

Légèreté


Légèreté. Dans ces grises journées de pluie,une occupation dérisoire me gagne consistant à mettre une certaine trace d’encre sur une plaque de verre ou de carton pour en prélever l’empreinte sur une feuille de papier blanc, empreinte faite de lignes, points, surfaces grises ou noires, traces, signes résultant d’une activité dérisoire si l’on voit le paysan pataugeant le fond boueux de sa rizière pour y faire je ne sais quoi n’étant pas moi-même paysan mais lui le sait qui est paysan et continue d’arpenter précautionneusement la rizière en partie inondée par suite des abondantes pluies qui n’ont cessé depuis plusieurs jours sous un ciel uniformément gris comme j'aurai pu parler de la femme qui collecte les ordures ménagères qu'elle pousse dans le lourd chariot ou de cette autre femme qui entasse cartons,canettes, plastic ou tôles rouillées sur son vélo car mon occupation m’apparaît de bien peu de poids.
Monotype : encre sur papier (environ 23x35)

jeudi 13 décembre 2018

Rythmes


Et puis le rythme du tambour : un, deux…espace… un, deux…espace… boum boum …espace…combien de fois, je n’ai pas compté quand le gong a sonné et le rythme du tambour a repris, toujours avant la cérémonie funéraire qui commence par une longue et puissante lamentation récitée par un homme qui s’adresse autant à l’assistance des femmes et des hommes qu’aux esprits divins et d’autres voix se mêlent à la sienne pour former une sorte de chœur et la cadence des prières dites s’accélère auxquelles je ne comprends rien étant étranger bien que vivant parmi ces femmes et ces hommes dans le même quartier de ce village où se déroulent en ce moment même les obsèques d’un membre de la communauté, femme ou homme je ne sais pas, j’entends seulement le rythme du tambour et le gong et maintenant cette musique comme une plainte de la lyre monocorde et je ne peux pas voir mais je sais le déroulement de la cérémonie , je ne la voie pas, je suis assis sous la véranda , je vois une aigrette blanche sur ses longues pattes fines arpentant la rizière et saisissant un menu fretin dans son bec pointu.   

mardi 11 décembre 2018

A l'aube

Tu te réveilles habituellement à l’aube , en même temps que les oiseaux , à l’heure où le ciel se teinte de gris et le premier bruit que tu perçois, encore sous le drap, est le moteur du voisin qui part tôt au travail car ici on travaille du lever du jour à la nuit tombée qui tombe d’ailleurs vers cinq heures de l’après-midi, mais toi tu restes un instant entre le sommeil et le lever à guetter ce qui vient de l’extérieur , tu ne peux pas voir ce qui est à l’extérieur mais tu devines que la pluie a cessé bien qu’ il pleuvait fort au milieu de la nuit lorsque, certainement à la suite d’un rêve, tu es resté éveillé un moment, mais ce matin la pluie a cessé et tu n’entends plus que les cris des oiseaux et le rythme régulier d’un tambour indiquant indubitablement que là une personne est morte et que la famille a tout organisé pour une veillée funèbre qui va durer ce que les devins auront décidé qu’elle doit durer et la famille et les proches resteront là couverts d’une tunique blanche comme le bandeau qui ceinture la tête ainsi que le veut la coutume de ces gens qui resteront là à vaquer à des occupations habituelles car il le faut et qu’il y a aussi les vivants.
Monotype. Encre sur papier "xuan", léger rehaut de pastel gras. ( environ 20x30)

Monotype

Monotype : encres sur papier xuan (35x23)

lundi 10 décembre 2018

Pêcheur




Il est seul immobile perché sur une levée de terre émergeant si peu de l’uniforme étendue d’eau abolissant toute possibilité de différencier les éléments habituels du paysage noyé derrière le rideau de pluie, il est seul guettant une hypothétique proie, vermisseau, escargot ou menu fretin passant à portée de son bec prêt à le saisir dans un mouvement aussi bref que précis, ce même menu fretin que convoitent également ces hommes qui eux ont d’autres moyens que le bec et déploient un filet qui capturera bien de quoi se régaler entre amis ce soir avec une bouteille d’alcool de riz car il faut ce qu’il faut et un repas entre hommes ne peut exister sans cet alcool qui accompagne si bien ces poissons frits ou grillés sur un lit de braise , mais en attendant seul l’échassier vient de saisir un poisson. 
 
Monotype sur papier ( 35x23 )