dimanche 18 septembre 2011

Mousson, moisson...

encre et pigments sur papier "do" ( 58x94)

Mousson. Moisson. Le ciel est respectueux. Le génie de la pluie a pour quelques jours consenti une trêve. Moissonner est urgent. Changement de décor.
Engin motorisé . Epis coupés . Grain séparé, emballé. Derrière, les chaumes jaunissent. Fond vaseux, veines d'eau noirâtre. Terrain de conquête envahi de troupes caquetantes et frétillant la queue. "Cap cap cap"! ... Pas "coin coin coin"! Bientôt les vols d'aigrettes reviendront. Une ou deux venues déjà en éclaireuses.  Devant chaque maison, sur la route, on étale de larges bâches pour y mettre à sécher le grain. Cela donne des installations colorées où le râteau dessine un mandala. Grain qu'on sèche, qu'on évente, qu'on stocke sous la véranda. Fruit de quatre mois de travail et d'attente chichement rémunérés. Deux cent kilos de paddy , une centaine de nos euros!

jeudi 15 septembre 2011

S'arrêter, prendre le temps...

Je me suis arrêté au jardin. Une araignée tissait sa toile. Fascinant spectacle d'une incroyable géométrie spatiale. Elle se laisse tomber le long d'un fil invisible puis remonte jusqu'à un point qu'elle semble avoir marqué. Son centre autour duquel elle va tisser les fils avec une incroyable régularité. Comme si elle agissait selon un programme imaginé par un génial informaticien. Sa progression est comme une danse rythmée, les doigts agiles de la dentelière. Et puis, je suis retourné dans l'atelier.

lundi 12 septembre 2011

Habiter

encre et pigments sur papier ( 60 x 105 )
Il fait à peine jour. Sorti de la ruelle au bout de laquelle est notre maison, je prends invariablement le même parcours. Passées les maisons, petits cafés ou petites épiceries,puis l'école, une large étendue de rizières. Je laisse le gros bâtiment des services municipaux et descends jusqu'au hameau 7. Les villages sont administrativement divisés en hameaux, chacun  repéré par un numéro. Nous habitons le hameau 5. Les hameaux 7 et 8, sont habités par des familles pauvres de pécheurs. Les maisons y sont modestes. Petites maisons basses , une pièce principale sur laquelle donne la véranda, sur le côté une autre pièce jouxte la partie servant à la cuisine et s'ouvrant sur le jardin. Le toit est de tuiles, souvent tuiles de ciment moins chères, de tôles ou de feuilles de latanier. Les lataniers sont ces palmiers d'eau qui poussent comme une forêt dans l'estuaire de la rivière. On coupe les larges palmes. Les nervures assemblées servent à construire les murs de petites maisons; les feuilles tressées couvrent le toit. Plus loin, en revenant vers notre quartier, quelques  maisons plus cossues récemment construites affichent une certaine idée du luxe dans la variété des couleurs vives.Tout cela cohabite, se serre entre rizières, champs de maïs ou d'arachide, terrains herbus où broutent deux ou trois vaches maigres, bassins d'élevage de crevettes. Tout cela dans un même petit village.La maison à étage ou celle plus traditionnelle en rez de chaussée, l'échoppe du coiffeur réduite à une simple baraque en latanier,l'abri en bambou qui tient lieu d'étable. Tout cela dans la plus simple diversité. Et tout cela est habité par une population qui ne marque pas de barrière entre la vieille femme dans sa petite maison et le couple plus moderne dans sa villa. Un village monde où chacun vit en paix et en harmonie avec l'autre. Un village monde propre à se rapprocher des hommes.

mardi 6 septembre 2011

Senses of landscapes

For most of us, painting is the expression of seeing, but seeing implies that we must keep a good distance from the world, distance which separates us from what shapes us.
What can we say about Jean Cabane’s assertions?
If Jean Cabane’s landscapes capture us, it is because they unroll as did the “Maps of Love Land” in the 17th century - those maps that portrayed an affective and affected geography of the world. We also feel part of them because they evoke and qualify the experience (and not the proof) of things!
When we observe this span of lives, all their elements structure a world that refuses to leave us out! They remind us that we are an integral part of what we see, focussing our interpretation on the crossing of horizons.
A sort of cloudlike memory which allows each observer the certainty of place, and the assurance to name and recognize it, never straying from Jean Cabane’s topic.
Of course, Jean Cabane’s paintings talk of himself, of the sensitivity of a man born in the “garrigues” and the colours of the Gard region in France, whose life was made of promises of light and abundant cultural encounters.
These last few years, Jean has been living with poetry this portrayal of Vietnam where everything is a blend of earth and sky.
One is struck by Jean’s capacity to show us the essence of these landscapes.
Indeed, these paintings speak of us by making us reflect upon another experience of the place we find ourselves in.
To create space, one must be aware of the triangle that links us, the world, and the place from where we observe the environment which constitutes us and the sky that shelters us. If these paintings cherish the landscapes, they also invite us to take our time to discover them. They encourage us to an experienced pace and a true awareness of closeness, as an invitation to a voyage.
We receive everything as a gift, the generosity of this painter superbly prefiguring the gracious hospitality of Vietnam.

Florence Morali
Ecole d’art de Toulon Provence Méditerranéee
March 2011