encre et pigments sur papier ( 60 x 105 )
Il fait à peine jour. Sorti de la ruelle au bout de laquelle est notre maison, je prends invariablement le même parcours. Passées les maisons, petits cafés ou petites épiceries,puis l'école, une large étendue de rizières. Je laisse le gros bâtiment des services municipaux et descends jusqu'au hameau 7. Les villages sont administrativement divisés en hameaux, chacun repéré par un numéro. Nous habitons le hameau 5. Les hameaux 7 et 8, sont habités par des familles pauvres de pécheurs. Les maisons y sont modestes. Petites maisons basses , une pièce principale sur laquelle donne la véranda, sur le côté une autre pièce jouxte la partie servant à la cuisine et s'ouvrant sur le jardin. Le toit est de tuiles, souvent tuiles de ciment moins chères, de tôles ou de feuilles de latanier. Les lataniers sont ces palmiers d'eau qui poussent comme une forêt dans l'estuaire de la rivière. On coupe les larges palmes. Les nervures assemblées servent à construire les murs de petites maisons; les feuilles tressées couvrent le toit. Plus loin, en revenant vers notre quartier, quelques maisons plus cossues récemment construites affichent une certaine idée du luxe dans la variété des couleurs vives.Tout cela cohabite, se serre entre rizières, champs de maïs ou d'arachide, terrains herbus où broutent deux ou trois vaches maigres, bassins d'élevage de crevettes. Tout cela dans un même petit village.La maison à étage ou celle plus traditionnelle en rez de chaussée, l'échoppe du coiffeur réduite à une simple baraque en latanier,l'abri en bambou qui tient lieu d'étable. Tout cela dans la plus simple diversité. Et tout cela est habité par une population qui ne marque pas de barrière entre la vieille femme dans sa petite maison et le couple plus moderne dans sa villa. Un village monde où chacun vit en paix et en harmonie avec l'autre. Un village monde propre à se rapprocher des hommes.