encre + noir de feuilles ; papier "giây do" ( 20 x 20 )
C'est un rituel bien réglé. Dès la tombée de la nuit, la rizière s'anime du même concert de grenouilles et autres batraciens. On se demande bien pourquoi au beau milieu de la nuit, peut-être sur le coup de quatre heures, le concert est dans son crescendo. A croire que tous les crapauds croassent à l'unisson sur le même rythme. Et si je dis ça, c'est parce immanquablement ce tintamarre me réveille! Il fait encore nuit sombre, une nuit noire sans lune. Sombre réveil moins terrible que celui musical et vociférant du haut-parleur. Par bonheur, ce matin, le ciel avait de jolies teintes roses et indigo mais les crapauds ne croassaient plus !
jeudi 29 décembre 2011
mercredi 21 décembre 2011
Noir
3 petits essais sur " giây do " ( 20 x 20 ) d'un colorant noir trouvé dans un atelier d'estampes à DONG HO ( province de Bac Ninh) , près de Hanoï.
Dans ce village, plusieurs ateliers produisent encore des estampes dont les couleurs sont obtenues à partir de colorants naturels. Ce colorant noir est obtenu par macération de charbon de bois et de feuilles de bambou.
Ici, je l'ai utilisé avec du brou de noix .
dimanche 18 décembre 2011
samedi 17 décembre 2011
Haïku
encre,brou de noix,indigo et crayons sur papier "giây do (20X30) .
Petit format, comme ces petits textes si délicieux appelés "haïkus" ...
J'aurais pu écrire :
" Les deux pieds dans la boue
Elle arrache les herbes folles
Sous son imperméable jaune. "
Petit format, comme ces petits textes si délicieux appelés "haïkus" ...
J'aurais pu écrire :
" Les deux pieds dans la boue
Elle arrache les herbes folles
Sous son imperméable jaune. "
dimanche 11 décembre 2011
La terre
La pluie. Il y a la pluie, la grosse pluie de mousson qui vient brusquement en septembre. La grosse pluie qui inonde . Une pluie torrentielle et ravageuse. Et il y a la pluie fine d'hiver. La pluie froide portée par des courants nordiques. Une pluie fine, silencieuse, grise. Une pluie qui s'installe et habite le pays d'un voile uniforme et gorge d'eau la terre noire des rizières labourées. Comme une ombre fantomatique un homme avance levant haut les pieds, à longues enjambées . La glaise absorbe ses pas. Il peine, stoppe, se courbe pour arracher de grosses touffes d'herbe, se redresse et continue dans la pluie.
jeudi 8 décembre 2011
lundi 5 décembre 2011
L'homme à la jambe de bois .
encre et crayons de couleur ( 15 x 20 )
Nous ne nous sommes jamais croisés sans que cet homme m'adresse un salut amical.Il habite le quartier où nous vivons et nous nous sommes plusieurs fois rencontrés à l'occasion de fêtes ou de cérémonies réunissant les voisins. Cet homme boite, il porte une prothèse. L'autre jour, il est venu me rendre visite. Il parle quelques mots d'anglais et nous avons pu discuter en sirotant un verre de thé vert. A un moment, montrant sa jambe, il annonce : " Une bombe, les américains, la guerre ... ". Silence, tristesse de la guerre .
Nous ne nous sommes jamais croisés sans que cet homme m'adresse un salut amical.Il habite le quartier où nous vivons et nous nous sommes plusieurs fois rencontrés à l'occasion de fêtes ou de cérémonies réunissant les voisins. Cet homme boite, il porte une prothèse. L'autre jour, il est venu me rendre visite. Il parle quelques mots d'anglais et nous avons pu discuter en sirotant un verre de thé vert. A un moment, montrant sa jambe, il annonce : " Une bombe, les américains, la guerre ... ". Silence, tristesse de la guerre .
samedi 3 décembre 2011
Fabrication du papier "do"
Dans le village de Duong Ô , à Bac Ninh ( 30 km à l'est de Hanoï ), quelques rares familles continuent à produire le papier "do" ( rhamnoneuron ). Nous avons visité l'atelier de M. Pham Van Tâm .Dans la cour, deux femmes nettoient les bandes d'écorces qui sont mises à tremper dans de grands bacs avant d'être broyées dans un moulin . La pâte obtenue est diluée . A l'aide du "khuôn" (tamis en fines lamelles de bambou) l'épouse de M. Tâm "lève" la feuille . Chaque jour, elle produit environ 800 feuilles de papier "do" (giây do ) de bonne qualité. Ce métier traditionnel et manuel, épuisant car il faut rester debout ,les mains dans l'eau, est l'activité des femmes de ce village depuis des générations.
lundi 28 novembre 2011
C'est en tachant qu'on devient tacheron
cinq petits formats ( 20 x 30 ) sur un papier "do" récemment acheté chez un artisan à Bac Nhin ( 30 km de Hanoï ) .
jeudi 3 novembre 2011
Ce manque
brou de noix,encre,indigo . Papier "giây do" (20x30)
Sur cette terre inondée par la pluie
balayée par le vent brûlée de soleil
nous vivons avec ce manque .
Sur cette terre inondée par la pluie
balayée par le vent brûlée de soleil
nous vivons avec ce manque .
jeudi 27 octobre 2011
Sept milliards et nous
Je me suis réveillé comme chaque matin
tu étais affairée dans la cuisine odeur du thé vert
la pluie était matinale les nuages lourds de la mousson
la télévision débitait ses nouvelles
rien sur la Somalie les enfants meurent de faim
on s'arrange pour recapitaliser les banques
demain sept milliards d'êtres humains attendront .
tu étais affairée dans la cuisine odeur du thé vert
la pluie était matinale les nuages lourds de la mousson
la télévision débitait ses nouvelles
rien sur la Somalie les enfants meurent de faim
on s'arrange pour recapitaliser les banques
demain sept milliards d'êtres humains attendront .
mardi 18 octobre 2011
Laisser venir .
Il pleut dru. Parfois en gouttes serrées, fines, silencieuses , ininterrompues. Parfois, en gouttes larges, lourdes, chargées d'eau qui s'écrasent bruyamment transformant en un instant la terre en un torrent boueux. Sous le ciel gris laiteux, le miroir étale des rizières inondées n'est habité que par une horde de canards blancs. A l'horizon, tout se confond dans un écran d'indigo. Saison de mousson. Saison des pluies, bienfait du ciel. Attendre, laisser venir des jours de couleur.
dimanche 16 octobre 2011
Debout devant ma fenêtre
encre et pigments, fusain sur "giây do " (papier Vietnam) ; 50 x 70 .
Nuit de vent jour de pluie gris
Debout devant ma fenêtre blues
J'ai mis du rouge un peu de jaune .
Nuit de vent jour de pluie gris
Debout devant ma fenêtre blues
J'ai mis du rouge un peu de jaune .
vendredi 14 octobre 2011
jeudi 13 octobre 2011
Quelque chose qui est presque rien
encre et broux de noix, indigo sur "giây dzo " ( 20 x 30 )
Je dormais. Nuit de pleine lune . Par l'entrebâillement d'un rideau, un pale rayon de lune est venu se poser sur le lit. Je me suis réveillé, je sentais qu'il était presque l'heure à laquelle j'ai l'habitude de me réveiller. Mais je ne bougeais pas. Les coqs ont chanté puis j'ai entendu une moto qu'on démarrait. Des chiens l'ont accompagnée un moment. Le village s'éveillait et les activités quotidiennes reprenaient. Immuablement, à cinq heures, la musique a annoncé les informations diffusées sur les hauts-parleurs. Je savais par expérience ce que je pourrais voir et rencontrer si je décidais de sortir. Mais je ne bougeais pas. Je savais les femmes à vélo avec leurs bidons de "nuoc mam", les paniers de poissons, la marchande de soupe au carrefour et le vieux sur son vélo qui vend le pain, les écoliers en pantalon bleu , les filles fines en "ao dai" blanc. Je savais ces gens. Je ne bougeais pas et je pensais à notre fille qui aujourd'hui a 21 ans.
Je dormais. Nuit de pleine lune . Par l'entrebâillement d'un rideau, un pale rayon de lune est venu se poser sur le lit. Je me suis réveillé, je sentais qu'il était presque l'heure à laquelle j'ai l'habitude de me réveiller. Mais je ne bougeais pas. Les coqs ont chanté puis j'ai entendu une moto qu'on démarrait. Des chiens l'ont accompagnée un moment. Le village s'éveillait et les activités quotidiennes reprenaient. Immuablement, à cinq heures, la musique a annoncé les informations diffusées sur les hauts-parleurs. Je savais par expérience ce que je pourrais voir et rencontrer si je décidais de sortir. Mais je ne bougeais pas. Je savais les femmes à vélo avec leurs bidons de "nuoc mam", les paniers de poissons, la marchande de soupe au carrefour et le vieux sur son vélo qui vend le pain, les écoliers en pantalon bleu , les filles fines en "ao dai" blanc. Je savais ces gens. Je ne bougeais pas et je pensais à notre fille qui aujourd'hui a 21 ans.
jeudi 6 octobre 2011
dimanche 18 septembre 2011
Mousson, moisson...
encre et pigments sur papier "do" ( 58x94)
Mousson. Moisson. Le ciel est respectueux. Le génie de la pluie a pour quelques jours consenti une trêve. Moissonner est urgent. Changement de décor.
Engin motorisé . Epis coupés . Grain séparé, emballé. Derrière, les chaumes jaunissent. Fond vaseux, veines d'eau noirâtre. Terrain de conquête envahi de troupes caquetantes et frétillant la queue. "Cap cap cap"! ... Pas "coin coin coin"! Bientôt les vols d'aigrettes reviendront. Une ou deux venues déjà en éclaireuses. Devant chaque maison, sur la route, on étale de larges bâches pour y mettre à sécher le grain. Cela donne des installations colorées où le râteau dessine un mandala. Grain qu'on sèche, qu'on évente, qu'on stocke sous la véranda. Fruit de quatre mois de travail et d'attente chichement rémunérés. Deux cent kilos de paddy , une centaine de nos euros!
Mousson. Moisson. Le ciel est respectueux. Le génie de la pluie a pour quelques jours consenti une trêve. Moissonner est urgent. Changement de décor.
Engin motorisé . Epis coupés . Grain séparé, emballé. Derrière, les chaumes jaunissent. Fond vaseux, veines d'eau noirâtre. Terrain de conquête envahi de troupes caquetantes et frétillant la queue. "Cap cap cap"! ... Pas "coin coin coin"! Bientôt les vols d'aigrettes reviendront. Une ou deux venues déjà en éclaireuses. Devant chaque maison, sur la route, on étale de larges bâches pour y mettre à sécher le grain. Cela donne des installations colorées où le râteau dessine un mandala. Grain qu'on sèche, qu'on évente, qu'on stocke sous la véranda. Fruit de quatre mois de travail et d'attente chichement rémunérés. Deux cent kilos de paddy , une centaine de nos euros!
jeudi 15 septembre 2011
S'arrêter, prendre le temps...
Je me suis arrêté au jardin. Une araignée tissait sa toile. Fascinant spectacle d'une incroyable géométrie spatiale. Elle se laisse tomber le long d'un fil invisible puis remonte jusqu'à un point qu'elle semble avoir marqué. Son centre autour duquel elle va tisser les fils avec une incroyable régularité. Comme si elle agissait selon un programme imaginé par un génial informaticien. Sa progression est comme une danse rythmée, les doigts agiles de la dentelière. Et puis, je suis retourné dans l'atelier.
lundi 12 septembre 2011
Habiter
encre et pigments sur papier ( 60 x 105 )
Il fait à peine jour. Sorti de la ruelle au bout de laquelle est notre maison, je prends invariablement le même parcours. Passées les maisons, petits cafés ou petites épiceries,puis l'école, une large étendue de rizières. Je laisse le gros bâtiment des services municipaux et descends jusqu'au hameau 7. Les villages sont administrativement divisés en hameaux, chacun repéré par un numéro. Nous habitons le hameau 5. Les hameaux 7 et 8, sont habités par des familles pauvres de pécheurs. Les maisons y sont modestes. Petites maisons basses , une pièce principale sur laquelle donne la véranda, sur le côté une autre pièce jouxte la partie servant à la cuisine et s'ouvrant sur le jardin. Le toit est de tuiles, souvent tuiles de ciment moins chères, de tôles ou de feuilles de latanier. Les lataniers sont ces palmiers d'eau qui poussent comme une forêt dans l'estuaire de la rivière. On coupe les larges palmes. Les nervures assemblées servent à construire les murs de petites maisons; les feuilles tressées couvrent le toit. Plus loin, en revenant vers notre quartier, quelques maisons plus cossues récemment construites affichent une certaine idée du luxe dans la variété des couleurs vives.Tout cela cohabite, se serre entre rizières, champs de maïs ou d'arachide, terrains herbus où broutent deux ou trois vaches maigres, bassins d'élevage de crevettes. Tout cela dans un même petit village.La maison à étage ou celle plus traditionnelle en rez de chaussée, l'échoppe du coiffeur réduite à une simple baraque en latanier,l'abri en bambou qui tient lieu d'étable. Tout cela dans la plus simple diversité. Et tout cela est habité par une population qui ne marque pas de barrière entre la vieille femme dans sa petite maison et le couple plus moderne dans sa villa. Un village monde où chacun vit en paix et en harmonie avec l'autre. Un village monde propre à se rapprocher des hommes.
Il fait à peine jour. Sorti de la ruelle au bout de laquelle est notre maison, je prends invariablement le même parcours. Passées les maisons, petits cafés ou petites épiceries,puis l'école, une large étendue de rizières. Je laisse le gros bâtiment des services municipaux et descends jusqu'au hameau 7. Les villages sont administrativement divisés en hameaux, chacun repéré par un numéro. Nous habitons le hameau 5. Les hameaux 7 et 8, sont habités par des familles pauvres de pécheurs. Les maisons y sont modestes. Petites maisons basses , une pièce principale sur laquelle donne la véranda, sur le côté une autre pièce jouxte la partie servant à la cuisine et s'ouvrant sur le jardin. Le toit est de tuiles, souvent tuiles de ciment moins chères, de tôles ou de feuilles de latanier. Les lataniers sont ces palmiers d'eau qui poussent comme une forêt dans l'estuaire de la rivière. On coupe les larges palmes. Les nervures assemblées servent à construire les murs de petites maisons; les feuilles tressées couvrent le toit. Plus loin, en revenant vers notre quartier, quelques maisons plus cossues récemment construites affichent une certaine idée du luxe dans la variété des couleurs vives.Tout cela cohabite, se serre entre rizières, champs de maïs ou d'arachide, terrains herbus où broutent deux ou trois vaches maigres, bassins d'élevage de crevettes. Tout cela dans un même petit village.La maison à étage ou celle plus traditionnelle en rez de chaussée, l'échoppe du coiffeur réduite à une simple baraque en latanier,l'abri en bambou qui tient lieu d'étable. Tout cela dans la plus simple diversité. Et tout cela est habité par une population qui ne marque pas de barrière entre la vieille femme dans sa petite maison et le couple plus moderne dans sa villa. Un village monde où chacun vit en paix et en harmonie avec l'autre. Un village monde propre à se rapprocher des hommes.
mardi 6 septembre 2011
Senses of landscapes
For most of us, painting is the expression of seeing, but seeing implies that we must keep a good distance from the world, distance which separates us from what shapes us.
What can we say about Jean Cabane’s assertions?
If Jean Cabane’s landscapes capture us, it is because they unroll as did the “Maps of Love Land” in the 17th century - those maps that portrayed an affective and affected geography of the world. We also feel part of them because they evoke and qualify the experience (and not the proof) of things!
When we observe this span of lives, all their elements structure a world that refuses to leave us out! They remind us that we are an integral part of what we see, focussing our interpretation on the crossing of horizons.
A sort of cloudlike memory which allows each observer the certainty of place, and the assurance to name and recognize it, never straying from Jean Cabane’s topic.
Of course, Jean Cabane’s paintings talk of himself, of the sensitivity of a man born in the “garrigues” and the colours of the Gard region in France, whose life was made of promises of light and abundant cultural encounters.
These last few years, Jean has been living with poetry this portrayal of Vietnam where everything is a blend of earth and sky.
One is struck by Jean’s capacity to show us the essence of these landscapes.
Indeed, these paintings speak of us by making us reflect upon another experience of the place we find ourselves in.
To create space, one must be aware of the triangle that links us, the world, and the place from where we observe the environment which constitutes us and the sky that shelters us. If these paintings cherish the landscapes, they also invite us to take our time to discover them. They encourage us to an experienced pace and a true awareness of closeness, as an invitation to a voyage.
We receive everything as a gift, the generosity of this painter superbly prefiguring the gracious hospitality of Vietnam.
Florence Morali
Ecole d’art de Toulon Provence Méditerranéee
March 2011
mercredi 31 août 2011
Chronique d'une rizière . Matin.
encre et fusain sur papier "do" ( 31 x 64) - 31/08/2011
Moments où le quartier s’éveille. Des bruits d’abord. Familiers et qui deviennent comme un rituel nécessaire. Les coqs, bien sûr, les premiers. Une moto qui démarre juste avant l’hymne diffusé par les haut-parleurs qui enchaînent les informations et les airs de musique traditionnels. Incitation à sortir pour le jogging quotidien. Enchaînement des rencontres :des hommes déjà attablés devant un café noir, trois femmes –ou quatre parfois- dans leur promenade et leurs bavardages, une moto chargée d’improbables paniers, des groupes d’écoliers (ao dai blanc pour les filles) ,le marchand de pain et la marchande de soupe, un pêcheur, des chiens, une femme balaie devant chez elle, celle-ci déjà active dans le potager, les vieilles adeptes du « taï chi »avec leur radio cassette, un homme –toujours le même- dans son champ de liseron d’eau me fait signe .Ce matin , cours de vietnamien. Puis travail dans l’atelier. Un orage éclate dans l’après-midi. La saison des pluies approche.
mercredi 10 août 2011
Chronique d'une rizière . Voyage à Huê .
encre et fusain sur papier "do" ( 31 x 64 )
En voyage vers Huê, le paysage défile. Passé le tunnel de Hai Van, la lagune de Lan Co.Le bus traverse des villages, klaxon, camions, bus, motos. Un groupe de jeunes adolescentes sur leur vélo, retour de l'école. Un marché déborde sur la route, ralentir. Deux vaches se serrent à l'ombre bricolée d'une branche attachée à un poteau électrique. Une mare, canards et pécheur sous son parapluie. Rizières vertes. Un autre bourg, un autre marché, encore ralentir et klaxonner. A droite, entre la route et l'horizon bleu d'une bande littorale, une lagune. Quelques sampans. des abris de pécheurs, un cabestan où pendent les filets. Armés de lance-pierre en élastiques les gamins courent sur le bas-côté à la chasse aux oiseaux. Trois femmes (ou cinq, six) accroupies, une marchande de poisson. Maisons basses, toits de tôles ou tuiles de ciment. Frange de montagnes vert bleu à gauche qui parviennent à deux ou trois reprises à obliger la route à quelques lacets. Camions qui peinent dans ces côtes. On double. Un pont chaotique enjambe les eaux troubles d'une rivière alanguie. Une courte averse, non il ne pleuvra pas sur Huê... Il fait chaud, c'est l'été. Demain, les enfants de l'orphelinat pourront jouer dans les piscines du parc aquatique où nous les amènerons. Cette idée rend notre voyage plus agréable .
vendredi 5 août 2011
Comme un magicien fatigué
encre et pigments sur papier ( 42 x 65 )
" Pour ce qui est des paysages, je crois devoir signaler qu’il en est de deux sortes. Des premiers, on peut dire qu’il sont purement physiques ; ils évoquent des lieux, des sols, des sous-sols parfois, d’une manière très concrète […] mais les expérimentations ont parfois abouti à des aspects bizarres, où le faux se mêlait au vrai, où le paysage prenait un air absurde évoquant quelque sorte de création avortée ou inachevée qui serait due, par exemple, à un magicien fatigué." Jean Dubuffet
" Pour ce qui est des paysages, je crois devoir signaler qu’il en est de deux sortes. Des premiers, on peut dire qu’il sont purement physiques ; ils évoquent des lieux, des sols, des sous-sols parfois, d’une manière très concrète […] mais les expérimentations ont parfois abouti à des aspects bizarres, où le faux se mêlait au vrai, où le paysage prenait un air absurde évoquant quelque sorte de création avortée ou inachevée qui serait due, par exemple, à un magicien fatigué." Jean Dubuffet
jeudi 4 août 2011
A l'autre bout du monde ...
encre, pigments, crayons de couleur sur papier "do" ( 60 x 60 )
Eté . Une belle journée d'été , chaud soleil .Une averse en fin d'après-midi suivie d'une douce lumière dorée sur la rizière. Comme une promesse d'une bonne récolte. Celle-ci sera le bénéfice d'une constante attention .N'allez pas croire que seule la nature travaille !
A l'autre bout du monde, un homme ordinaire est à l'ouvrage . Sur les murs il laisse l'empreinte d'une errance colorée.Donner à voir. Pour que ce monde soit meilleur.
Eté . Une belle journée d'été , chaud soleil .Une averse en fin d'après-midi suivie d'une douce lumière dorée sur la rizière. Comme une promesse d'une bonne récolte. Celle-ci sera le bénéfice d'une constante attention .N'allez pas croire que seule la nature travaille !
A l'autre bout du monde, un homme ordinaire est à l'ouvrage . Sur les murs il laisse l'empreinte d'une errance colorée.Donner à voir. Pour que ce monde soit meilleur.
dimanche 31 juillet 2011
Chronique d'une rizière - été -
encre,brou de noix , crayons sur papier "do " ( 20 x 30 )
Quand soudain le ciel s'est obscursi .
Une brusque et violente bourrasque a soulevé son chapeau .
L'averse ne lui laissa pas le temps de se mettre à l'abri .
Quand soudain le ciel s'est obscursi .
Une brusque et violente bourrasque a soulevé son chapeau .
L'averse ne lui laissa pas le temps de se mettre à l'abri .
samedi 30 juillet 2011
Futilités
encre,brou de noix,indigo sur papier "do" ( 20 x 30 ) .
Le village revenu . Eloigné un temps devenu comme une vacance habituelle. Puis le retour. Retrouver ce qu'on a laissé ,une maison, un jardin à rafraichir, des amis à saluer. Reprendre des habitudes. Un réveil avec les premières lueurs du jour. Musique criarde et vociférations nasillardes du haut-parleur. Aller courir. Le parcours habituel, les femmes à vélo où vont-elles si tôt, les hommes au café, la marchande de soupe et les cinq vieilles avec leur bâton qui viennent faire leurs exercices . Jardiner, enlever les mauvaises herbes, tailler, retourner un coin de terre. Rizière , rien ne se passe . Le riz pousse ,on arrose , on surveille de loin en loin. Soleil et chaleur étouffante de juillet , incitation au rien faire. Y compris ne pas peindre, à quoi bon. Jusqu'à recevoir un signe lointain venu d'un ami américain. Un poème , " Futility" . Qui se finit ainsi : " And the wind never ceases to blow" . Le vent ne s'arrète jamais.
Le village revenu . Eloigné un temps devenu comme une vacance habituelle. Puis le retour. Retrouver ce qu'on a laissé ,une maison, un jardin à rafraichir, des amis à saluer. Reprendre des habitudes. Un réveil avec les premières lueurs du jour. Musique criarde et vociférations nasillardes du haut-parleur. Aller courir. Le parcours habituel, les femmes à vélo où vont-elles si tôt, les hommes au café, la marchande de soupe et les cinq vieilles avec leur bâton qui viennent faire leurs exercices . Jardiner, enlever les mauvaises herbes, tailler, retourner un coin de terre. Rizière , rien ne se passe . Le riz pousse ,on arrose , on surveille de loin en loin. Soleil et chaleur étouffante de juillet , incitation au rien faire. Y compris ne pas peindre, à quoi bon. Jusqu'à recevoir un signe lointain venu d'un ami américain. Un poème , " Futility" . Qui se finit ainsi : " And the wind never ceases to blow" . Le vent ne s'arrète jamais.
vendredi 10 juin 2011
Chronique d'une rizière - été -
C'est l'été . Début mai, on a moissonné la première récolte et aussitot on a préparé la rizière pour une nouvelle récolte qui se fera en septembre avant la saison des grosses pluies. D'abord, brûler le chaume et retourner la terre pour enfouir cet engrai naturel. Inonder avant de retourner à nouveau . Puis aplanir le fond de la rizière . Enfin, semer .
Maintenant, les jeunes pousses ont transformé la rizière en un beau tapis vert. Il importe d'en prendre soin . Irriguer régulièrement et exterminer les parasites pouvant compromettre la récolte . Le riz est un bien précieux.
Le soleil est brulant aux heures les plus chaudes de la journée. Aussi, dès les premières lueurs du matin, on est au travail. Hommes et femmes.
Labourer,araser,irriguer,semer . On s'active . La récolte est promise.
Les gestes toujours les mêmes. Entretenir les bords de la rizière et en consolider les diguettes à l'aide de la houe. Semer à la volée , avançant d'un pas d'échassier selon une ligne imaginaire et laissant derrière soi le pointillé de l'empreinte des pieds . Vaner et sècher le grain de la précédente récolte .
Hoi An , Câm Thanh; le 10 juin 2011.
Encre de Chine et crayons sur "giây do " ( papier artisanal du Vietnam ). 20 x 30 .
Maintenant, les jeunes pousses ont transformé la rizière en un beau tapis vert. Il importe d'en prendre soin . Irriguer régulièrement et exterminer les parasites pouvant compromettre la récolte . Le riz est un bien précieux.
Le soleil est brulant aux heures les plus chaudes de la journée. Aussi, dès les premières lueurs du matin, on est au travail. Hommes et femmes.
Labourer,araser,irriguer,semer . On s'active . La récolte est promise.
Les gestes toujours les mêmes. Entretenir les bords de la rizière et en consolider les diguettes à l'aide de la houe. Semer à la volée , avançant d'un pas d'échassier selon une ligne imaginaire et laissant derrière soi le pointillé de l'empreinte des pieds . Vaner et sècher le grain de la précédente récolte .
Hoi An , Câm Thanh; le 10 juin 2011.
Encre de Chine et crayons sur "giây do " ( papier artisanal du Vietnam ). 20 x 30 .
mercredi 18 mai 2011
Chronique d'une rizière . Moisson
La rizière a perdu son beau tapis jaune orangé.
Attraction paysanne, la moissonneuse mécanisée et chenillée a vite fait de coucher les épis en vagues parallèles. Mais quelques femmes moissonnent encore à la serpette. J'ai envie de croire qu'elles y trouvent l'avantage de pouvoir bavarder tout en travaillant. C'est peut-être aussi ce que pense les buffles de mon voisin qui ont l'aubaine d'un festin d'épis fraichement coupés. Les glaneuses n'ont pas l'intention de laisser se perdre les grains oubliés par l'engin motorisé.
Seuls, les imperméables épouvantails sur leur piquet se trouvent inutiles dans cette marée d'épis .
Campagne noyée dans les nuages de fumée des chaumes qu'on brûle. Mobylette chargée de trois sacs de paddy . On fait les comptes . Cette saison , il a beaucoup plu. Une rizière de 500 m2 ne donnera guère que 300 kilos de paddy , au mieux 350 ... Deux millions de dongs . Cinq mois de travail .
Attraction paysanne, la moissonneuse mécanisée et chenillée a vite fait de coucher les épis en vagues parallèles. Mais quelques femmes moissonnent encore à la serpette. J'ai envie de croire qu'elles y trouvent l'avantage de pouvoir bavarder tout en travaillant. C'est peut-être aussi ce que pense les buffles de mon voisin qui ont l'aubaine d'un festin d'épis fraichement coupés. Les glaneuses n'ont pas l'intention de laisser se perdre les grains oubliés par l'engin motorisé.
Seuls, les imperméables épouvantails sur leur piquet se trouvent inutiles dans cette marée d'épis .
Campagne noyée dans les nuages de fumée des chaumes qu'on brûle. Mobylette chargée de trois sacs de paddy . On fait les comptes . Cette saison , il a beaucoup plu. Une rizière de 500 m2 ne donnera guère que 300 kilos de paddy , au mieux 350 ... Deux millions de dongs . Cinq mois de travail .
mardi 17 mai 2011
Procréation
" Souvenez-vous: création, créativité, procréation. ... Tout être humain est appelé à être créatif, cela n'est pas réservé aux artistes qui composent des symphonies ou des tableaux. ...La créativité utilise l'énergie sexuelle, que ce soit pour procréer un enfant, pour procréer l'homme nouveau en nous ou pour produire une oeuvre d'art. ... Nous sommes notamment créateurs dans la mesure où nous aidons un autre à devenir lui-même. Créer ne consiste pas seulement à mettre un bébé au monde mais suppose de l'éduquer; l'attitude de la mère parce que d'un bébé elle va faire un enfant épanoui donc un futur adulte.
La créativité change sans cesse de forme. Elle est pareille à un esprit éblouissant qui apparaît à tout le monde, mais qu'il est difficile de décrire, car personne ne voit la même chose lors de ce flash lumineux. Le maniement des pigments et de la toile, les petites applications de peinture, le papier peint font-ils la preuve de son existence ? Oui. Et le papier, la plume, les bordures fleuries du jardin, la construction d'une université ? Oui. Le repassage parfait d'un col, la préparation d'une révolution ? Oui. Toucher les feuilles d'une plante avec amour, trouver sa voix, savoir aimer ? Oui. Prendre dans ses bras le petit corps chaud d'un nouveau-né, conduire un enfant vers l'age adulte, aider à relever une nation ? Oui. S'occuper de son mariage comme d'un verger qu'il est, chercher l'or du psychisme, trouver le mot juste, coudre un rideau bleu ? Oui, c'est tout cela, la vie créatrice. "
Clarissa Pinkola Estés . " Femmes qui courent avec les loups "
La créativité change sans cesse de forme. Elle est pareille à un esprit éblouissant qui apparaît à tout le monde, mais qu'il est difficile de décrire, car personne ne voit la même chose lors de ce flash lumineux. Le maniement des pigments et de la toile, les petites applications de peinture, le papier peint font-ils la preuve de son existence ? Oui. Et le papier, la plume, les bordures fleuries du jardin, la construction d'une université ? Oui. Le repassage parfait d'un col, la préparation d'une révolution ? Oui. Toucher les feuilles d'une plante avec amour, trouver sa voix, savoir aimer ? Oui. Prendre dans ses bras le petit corps chaud d'un nouveau-né, conduire un enfant vers l'age adulte, aider à relever une nation ? Oui. S'occuper de son mariage comme d'un verger qu'il est, chercher l'or du psychisme, trouver le mot juste, coudre un rideau bleu ? Oui, c'est tout cela, la vie créatrice. "
Clarissa Pinkola Estés . " Femmes qui courent avec les loups "
dimanche 15 mai 2011
Sur le bord de la rive . ( Sur un texte de Suzanne Aurbach)
Série " Sur le bord de la rive" . Encre de chine, brou de noix et craie sur papier "do" ( 23 x 32 cm ) .
dimanche 10 avril 2011
Paysages à l'estime
brou de noix,encre de Chine et pigment indigo sur papier "do" (60 x 60 )
Paysages à l estime
Pour la plupart d’entre nous, peindre serait l ‘expression du voir, mais voir suppose que nous sommes à bonne distance du monde, cette distance qui nous sépare de ce qui nous façonne.
Qu’en est il des propositions de Jean Cabane?
Si les prises paysagères de Jean Cabane nous englobent totalement, c’est parce qu‘elles déroulent des paysages à la manière des cartes du tendre du 17ème siècle, ces cartes qui nous offraient une géographie affective et affectée du monde.
C’est aussi parce qu’elles parlent de l éprouvé des choses, les qualifient et non pas du prouvé !
Et lorsque l’on regarde ces étendues de vies, tous les éléments structurent l ‘usage d ‘un monde qui ne nous exclue pas ! Elles nous rappellent plutôt que nous sommes partie intégrante de ce que nous voyons tout en pointant notre interprétation à la croisée des horizons.
Sorte de mémoire en nuage, qui donne aux spectateurs l’assurance d’être situé et de pouvoir nommer, reconnaître, jamais hors de son propos.
C est pour cela que les peintures de Jean parlent de lui, de la sensibilité d’un homme, né des garrigues et des couleurs du Gard en France, mais dont la vie a été faite de promesses de lumière, de rencontres et de métissage ! Aujourd’hui et depuis quelques années, Jean habite en poète cette partie du Vietnam où tout est mélange de ciel et de terre et Jean, dans sa capacité à repérer la raison d’être de ces paysages nous implique et nous concerne!
Car elles parlent aussi de nous ses peintures et nous rendent actifs de ce qu’elles nous proposent : une autre expérience du lieu !
Pour faire espace, il faut prendre conscience du triangle qui dessine le monde : le sujet que nous sommes et d’où on regarde, l’environnement qui nous constitue et le ciel qui nous abrite !!
Si les peintures prennent soin du paysages, elles nous invitent aussi à ne pas les parcourir trop hâtivement ; elles nous engagent dans une marche à l ‘estime et à une attention à la proximité comme modalité de passage.
Tout cela nous est offert et c’est alors l’attitude généreuse du peintre qui inaugure magnifiquement l ‘hospitalité du Vietnam.
Florence Morali
Ecole d’ art de Toulon Provence Méditerranée
Mars 2011
lundi 28 mars 2011
Deux amis
encre de Chine, brou de noix et indigo sur papier "do" ( les 2 : 35 x 60 )
Le rythme soutenu de la pluie sur la véranda m'avertit :encore de la pluie. Météo inhabituellement froide et pluvieuse qui prédispose à la morosité . Si ce n'était cette visite de deux vieux messieurs . Deux amis voisins. Ils viennent , pyjama et chapeau feutre, faire une visite , un brin de conversation. Il faudra retailler le frangipanier lorsque les fleurs auront fané , éliminer les tiges des orchidées qui ont perdu les fleurs, mettre un treillis de bambou pour soutenir les plants de courges ... Aurevoir . Merci de votre visite qui a éclairé mon après-midi .
Le rythme soutenu de la pluie sur la véranda m'avertit :encore de la pluie. Météo inhabituellement froide et pluvieuse qui prédispose à la morosité . Si ce n'était cette visite de deux vieux messieurs . Deux amis voisins. Ils viennent , pyjama et chapeau feutre, faire une visite , un brin de conversation. Il faudra retailler le frangipanier lorsque les fleurs auront fané , éliminer les tiges des orchidées qui ont perdu les fleurs, mettre un treillis de bambou pour soutenir les plants de courges ... Aurevoir . Merci de votre visite qui a éclairé mon après-midi .
jeudi 17 mars 2011
Rythmes,traces,empreintes . Des nuages sur la rizière .
Encre de Chine et brou de noix, indigo sur papier "do" ( 60 x 105 cm )
Printemps. Le tapis vert des rizières se déroule sous les nuages. Rien ne se passe. Ou presque rien qui est déjà quelque chose. Un oiseau se pose pour narguer des épouvantails imperméables agitant leurs bras de bambou. Le paysan s'active pour ne rien perdre de son travail. Les épis se balancent .
Printemps. Le tapis vert des rizières se déroule sous les nuages. Rien ne se passe. Ou presque rien qui est déjà quelque chose. Un oiseau se pose pour narguer des épouvantails imperméables agitant leurs bras de bambou. Le paysan s'active pour ne rien perdre de son travail. Les épis se balancent .
Pérette a pas vu la peau de l'ours dans le chateau espagnol .
Alors la Pérette elle a fait comme le maitre corbeau et a bien juré qu'elle s'y ferait plus avoir ... et qu'elle allait sagement retourner voir dans sa rizière si le soleil avait bien travaillé .
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